Abbaye de Saint-Florent-Le-Vieil à partir du 14 Avril 2012.
KOVACS
Plusieurs thèmes reviennent dans ces séries de photos de
la jeunesse étudiante d’Endre Kovács, entre 1968 et 1974. Toutes ont trait à la
vie quotidienne et aux repères naturels ou monumentaux de la ville de Budapest,
où il faisait alors ses études. Le Danube et ses rives, ses amas de neige
hivernale salie par la circulation, ses ponts, ses prairies inondées au
printemps fournissent la thématique la plus fournie. L’animation des rues, des
places ou des terrains vagues (traces traumatiques de la guerre) met en scène
avec discrétion la vie quotidienne de Budapest, avec ses enfants insouciants,
ses vieillards sans illusions, ses Tsiganes, ses jeunes femmes élégantes, ses
réunions de familles sur les bancs publics ou dans les cafés, ses automobiles
devenues si typiques (Trabants, Wartburg, Moskvitsch, Tchaïka). Les ponts
forment une série monumentale à part, à laquelle on peut adjoindre quelques
perspectives arrimées à des monuments emblématiques de la ville : Parlement,
Palais de justice, « Maison Blanche » (siège central du P. C., dans
les sous-sols duquel les suspects politiques étaient interrogés et torturés),
Citadelle (avec sa statue de la Liberté). Quelques moments marquants du
calendrier hongrois sont également évoqués parle feu d’artifice de la Saint-Étienne (« Fête de la
Constitution », sous le régime communiste) ou les baignades
traditionnelles de la Pentecôte dans les prairies inondées du Danube. La vie
ordinaire. Vue par un regard lui aussi ordinaire mais qu’on sent partagé entre
deux impressions dominantes : nostalgie du temps de la jeunesse et absence
tragique de toute perspective.